Prise de décision : Raison ou Intuition ?

Dans cette période tout à fait inédite que nous traversons, et compte tenu des situations auxquelles nous sommes confrontés et sur lesquelles nous devons prendre position, il nous a paru intéressant de nous interroger sur le processus de décision qui détermine nos choix et nos orientations personnelles et professionnelles.

La prise de décision est un processus cognitif qui peut intégrer différentes dimensions.

Notre référentiel personnel qui peut être lié à :

- Notre personnalité…

- Notre vécu…

- Notre éducation…

- Notre milieu social…

- Voire notre origine culturelle ou ethnique…

 
Si nous nous en référons aux travaux en psychologie expérimentale, les individus sont notamment conduits par des options : Sécurité/Danger, Confort/Inconfort, Bénéfices /Risques

Dans chacune des situations du quotidien, personnelles, relationnelles, ou professionnelles, ce seraient ces binômes qui nous feraient prendre telle ou telle orientation.

En notant que chacun dispose de son propre curseur interne, chacun ayant sa balance qui lui fait décider en fonction de critères de sécurité , de confort et surtout de ses intérêts.

Parmi les autres dimensions, les éléments contextuels liés à l’environnement dont par exemple le niveau de stress et de pression dans lesquelles les décisions doivent être prises, les enjeux et les délais…

Puis nous serions bien sur conduits par nos objectifs et ce selon des logiques d’action différentes.

Une logique d’action liée à nos intérêts personnels, professionnels ou corporatistes, une logique d’action dépendante de nos valeurs et nos principes, puis une logique d’affects qui serait dominée par nos sentiments.

=> Ces trois logiques d’action motiveraient nos prises de décisions différemment selon les objectifs poursuivis.

Enfin si nous souhaitons que nos choix soient les « plus objectifs » possibles, nous allons rechercher des informations pour prendre une décision en « toute connaissance de cause » Or, il faut être réaliste, notre niveau d’information peut être très variable selon sa source, leurs qualités, quantités, mais aussi selon notre capacité à la comprendre, éventuellement à la décrypter, à l’exploiter et l’intégrer dans notre processus de décision.

Et selon ces informations nous allons attribuer des niveaux différents d’occurrence et donc guider nos décisions.

=> Une situation « certaine » selon nos critères à 100% de se réaliser (d’où un plan prévu, que l’on peut anticiper) une situation « probable » de l’ordre de 75% (un plan existe on peut l’actionner), « incertaine » nous passons à un 50/50 (pas sûr que ça arrive et un plan B est à prévoir) et enfin l’imprévu…la situation non attendue et pour laquelle aucune anticipation n’est possible.

 
En conclusion, la prise de décision est un processus cognitif complexe qui ne se réduit pas à l’utilisation d’une matrice de décision classique qui permettrait de lister les plus et les moins, de pondérer l’ensemble et d’affirmer qu’après analyse factuelle de la situation, la décision A est plus avantageuse que B selon l’objectif poursuivi.

Nous sommes là dans un schéma qui se veut guidé par la raison.

Prise de décision

Mais que dire de l’intuition ?
Cette soudaine idée qui surgit tout à coup et semble répondre à toutes les interrogations, qui ressemble à une fulgurance, et s’impose comme une réponse aux questions posées sans qu’on comprenne vraiment d’où nous vient cette solution.

Beaucoup se méfient de ces intuitions dont ils ont conscience, mais qu’ils préfèrent valider par un raisonnement logique et structuré. Parce que ça parait plus rassurant de se référer à une logique qu’à une intuition mais c’est peut être méconnaitre la nature de l’intuition…

Il s’avère qu’à l’étude, ce soit souvent le processus de fonctionnement des experts dans un domaine. Ils ont l’intuition de la décision à prendre et ne peuvent pas vraiment expliquer d’où leur vient cette compréhension.

Les études récentes en neuro sciences semblent indiquer que nous nommons intuition à défaut d’un autre vocable, serait en fait le fruit d’un process de « deep thinking », une combinaison d’expérience, de connaissances, de savoirs, boosté par des hormones, liés à des circonstances d’urgence…nos circuits neuronaux qui fonctionnent ultra rapidement et vous offre une réponse qui peut apparaitre comme non rationnelle ou réfléchie, mais qui est en fait bien le résultat d’un vrai travail d’interconnexion de nos aires cérébrales, qui sollicitent vos ressources, vos souvenirs , comme votre capacité à faire des liens, votre adaptation et ingéniosité, votre aptitude à trouver de nouveaux chemins.

=> Cette intuition a mobilisé en quelques millisecondes toutes ces capacités pour vous proposer une décision à prendre.

 
D’où la sensation de fulgurance, puisque l’idée ne vous apparait pas sous la forme habituelle de l’idée rationnelle élaborée après une analyse factuelle mais bien quelque chose qui dépasse l’entendement classique. Faut-il pour autant l’écarter ?

Il semblerait que beaucoup d’individus aient ce type d’intuition, peu oseraient l’avouer, et dire que leurs décisions sont liées à cette inspiration brutale et inexpliquée.

Il serait beaucoup « crédible » d’affirmer que la raison a guidé leur choix...

Pourtant l’histoire de l’humanité est pleine de ces intuitions qui ont influencé les mathématiques, la physique, la chimie, l’astronomie, l’astrophysique, l’informatique, la médecine…

Donc dans tous ces moments où nous sommes confrontés à des prises de décision difficiles, dans un environnement complexe, incertain voire risqué, il faut parfois envisager que l’analyse rationnelle peut se faire aider de l’intuition.

Et ce quand bien même nous ne comprenons pas encore tout du processus qui nous conduit parfois à trouver des solutions et des réponses là où notre pensée rationnelle se heurte à trop d’informations pour prendre la juste décision.